La France connaît un début d’été historiquement chaud, qui s’accompagne d’importantes sécheresses menant à de contraignantes restrictions d’eau dans de nombreuses communes. À cette problématique climatologique majeure s’ajoute celle des fuites : près 20 % de l’eau potable qui circule dans les canalisations fuit dans des réseaux vieillissants – ce qui représente, chaque année, près d’un milliard de mètres cubesperdus.
Dans ce contexte, les collectivités – conscientes de l’enjeu – doivent redoubler d’efforts pour optimiser leur gestion de l’or bleu. Or, en mettant en œuvre les bonnes démarches et en s’équipant de solutions innovantes facilement déployables, les communes et villes de toutes tailles peuvent reprendre la main sur leurs ressources en eau … mais aussi sur leur budget.
La détection des fuites : une première étape clé
Aujourd’hui, 60 % du réseau d’eau potable français date des années 1970. Une vétusté qui entraine des pertes d’étanchéité dues à l’usure des joints et à la corrosion. Les mouvements de sols provoqués par la sécheresse peuvent également entraîner des détériorations précoces et provoquer des fuites inattendues. À titre d’exemple, Auchy-lès-Hesdin, commune du Pays des Sept Vallées (Pas-de-Calais) observait jusqu’en 2021 un taux de pertes de 56 % sur son réseau d’eau.
Si la résolution de ces dernières peut s’apparenter à un véritable parcours du combattant, il convient en premier lieu à s’attaquer au problème à la source, à savoir les fuites les plus importantes. Tout naturellement, en identifiant les points de passage où l’eau fuit le plus, on peut rapidement réaliser d’importantes économies. Et la bonne nouvelle est que cela s’avère beaucoup plus facile et moins coûteux qu’il n’y parait.
Cela passe par exemple par une méthodologie d’analyse du patrimoine et de soutien à la prise de décision : grâce aux équipements déjà présents sur leur réseau, les collectivités peuvent en analyser la pertinence et l‘efficacité sans investissements supplémentaires en matériel. Ainsi, les données de compteurs – agissant comme des baromètres de la santé du réseau – sont analysées pour identifier les problèmes hydrauliques majeurs, dont les fuites. Dès lors, les collectivités s’ouvrent aisément la voie vers une gestion digitalisée de la relève des compteurs et de la surveillance du réseau.
Parachever les bons résultats avec des équipements intelligents
Et pour cause, une fois les dysfonctionnements les plus importants corrigés, un véritable cercle vertueux s’enclenche, avec des économies non négligeables qui permettent d’aller plus loin dans l’optimisation de son réseau hydraulique. Ainsi, les collectivités ayant effectué avec succès la première étape de réduction du gaspillage peuvent réinjecter une partie des économies financières – principalement liées aux pénalités des agences de l’eau – dans le renouvellement de son parc de compteurs, et opter pour des modèles dits « intelligents ».
Ces derniers, associés à un logiciel de gestion, permettent de visualiser – jusqu’à 30 fois plus rapidement qu’auparavant – les zones problématiques : les relevés sont désormais effectués à distance via une patrouille motorisée sillonnant les rues avec une antenne pour obtenir les informations des compteurs. En complément, la mise en place de la facturation trimestrielle offre aux abonnés plus de visibilité sur leur consommation et facilite la gestion du budget domestique, en évitant d’éventuels pics de dépenses saisonnières.
Une démarche performante et facilement reproductible
C’est ainsi qu’Auchy-lès-Hesdin – sans augmenter le coût de l’eau pour ses habitants – a pu investir dans 1 500 nouveaux compteurs connectés, à même d’analyser la consommation des habitations et d’en remonter en temps réel les informations sur un logiciel dédié. À l’arrivée, ce ne sont pas moins de 100 000 m3 d’eau qui sont économisés chaque année dans cette commune du Pas-de-Calais.
Peu coûteuse et facilement déployable, cette démarche a indéniablement un fort potentiel de reproductivité. De quoi encourager de nombreuses collectivités, quelle que soit leur taille, à emboîter le pas et ne pas succomber aux sirènes de la fatalité.
Par Charles-Alexandre Concedieu, Directeur Commercial des Solutions Eau chez Itron.