| Le développement économique territorial de demain ne se décrète plus depuis Paris : il se construit directement sur le terrain. Chaque jour, des dizaines de PME et les ETI françaises contactent directement les territoires pour s’implanter ou étendre leur site industriel. C’est là que se prennent les décisions concrètes, que se déploient les projets, que se créent les emplois. Certes, l’État continue d’orienter de grands projets d’implantation (Business France pour les investissements étrangers tels que les data centers ou les projets d’EPR…), mais une fois les grands fonciers négociés, ce sont les collectivités et les entrepreneurs qui prennent le relais aux côtés de 131 agences d’attractivité et de développement économique. Mais elles ne sont pas éternelles… La disparition d’Essonne Développement ou plus récemment de Solution & Co, agence de la Région Pays de la Loire, soumise aux restrictions budgétaire, annonce une perte de ressources pour les entreprises et le développement économique local. Or, pour les entreprises, l’investissement local est un actif stratégique au service de leur compétitivité : elles forment, recrutent, logent localement… Airbus anime ainsi une plateforme d’offres de logements pour ses jeunes collaborateurs. Lhyfe ouvre la voie au financement citoyen de l’hydrogène vert, permettant aux riverains de devenir partie prenante du succès industriel. Cet engagement local – en temps et en argent – se traduit par des résultats concrets : recrutements et rétention des salariés, accélération des projets d’implantation, raccourcissement des délais d’approvisionnement…. Mais cela ne suffit pas. Le plus souvent, les actions des entreprises se font en pointillé et ne permettent pas de relancer le modèle de développement territorial. Il est temps que les entreprises, de la PME au grand groupe, jouent un rôle systématique de chef de file dans la gouvernance territoriale, en tant qu’acteurs à part entière, de la start-up au grand groupe. Certaines agences fonctionnent déjà en “table commune” avec les entreprises, permettant de challenger les politiques publiques locales et d’éviter la logique descendante d’un développement imposé. Sur les problématiques de recrutement, l’ADIRA, en Alsace, a lancé une démarche collective de marque employeur territorial. De son côté, Attitude Manche a expérimenté une approche similaire, démontrant qu’une marque employeur territoriale forte devient un levier de compétitivité et d’ancrage économique. A d’autres enjeux, d’autres outils. Les pactes de filières locales permettent de renforcer les chaînes de valeur locales et leur performance opérationnelle, ou encore dynamisent l’écosystème d’innovation aux côtés des structures publiques classiques (pôles de compétitivité, clusters…) Ces pactes lient les grands donneurs d’ordre, les PME et les ETI ainsi que les territoires. Les thématiques évoquées vont au-delà de la création d’emploi ou de valeur économique, jusqu’à l’attractivité, la mobilité ou le logement. Ils ont une réelle valeur économique mais aussi citoyenne. A l’heure ou la situation politique ne fait qu’opposer les Français les uns aux autres, les pactes locaux, au contraire, les rassemblent autour d’enjeux du quotidien qui les concernent tous. Le CNER, fédération nationale des agences d’attractivité et de développement économique, agit comme un véritable trait d’union entre les grands groupes et les territoires. Fort de partenariats durables avec des acteurs majeurs tels que la Banque des Territoires, EDF, RTE ou encore Veolia, le CNER crée un espace d’échanges où les stratégies nationales rencontrent les réalités locales. Ces coopérations permettent d’adapter les dispositifs d’accompagnement, de mieux comprendre les dynamiques territoriales et d’accélérer la transition économique et écologique. Les grands groupes trouvent un partenaire stratégique pour ancrer leurs actions dans les territoires et renforcer leur impact concret au service du développement local. Les 13 et 14 novembre prochains à Montpellier, les coopérations seront à l’honneur au forum annuel du CNER qui s’intitule : faire territoire, faire alliance. Le territoire doit ainsi se penser comme un écosystème économique et social où chaque acteur – public, privé ou citoyen – contribue à une stratégie commune. La gouvernance partagée ne doit plus être l’exception mais la règle. C’est ainsi que se construira un modèle où l’investissement local n’est plus seulement un outil de compétitivité, mais un levier de cohésion sociale, de résilience économique et de renouveau industriel. La renaissance des territoires français passera par cette alliance entre audace entrepreneuriale et vision collective, où chaque projet, chaque emploi, chaque investissement renforce le tissu local et prépare l’avenir. |