Anticiper, accompagner, sécuriser. Trois mots d’ordre pour les DGS et DGA dont l’action à l’approche des élections municipales est capitale pour sécuriser les décisions et les actes, piloter la mise en place des élections, assurer la stabilité de l’équipe de direction et la continuité du service public. Un véritable travail d’équilibriste.
Les prochaines élections municipales qui auront lieu les 15 et 22 mars 2026 suscitent de nombreux questionnements au sein des directions générales des communes et des intercommunalités. Comment piloter la collectivité en cette période de fin de mandat ? Comment se projeter sur le prochain mandat ? Comment accompagner les services et les agents dans cette transition ? Vendredi 29 novembre, plus de cinquante DG et DGA venus de tous les départements franciliens étaient réunis dans les locaux parisiens de la MNT à l’initiative du bureau SNDGCT section Grand Paris, en partenariat avec l’UGAP et Eurogroupconsulting, pour échanger sur la manière d’aborder cette période cruciale pour les directions générales et accompagner collectivement cette transition.
« Cette période est une zone de responsabilité maximale car il faut bien entendu sécuriser les engagements des équipes en place ainsi que les trajectoires financières, et bien évidemment il faut préparer l’avenir. Si l’équipe n’est pas reconduite, il faut assurer cette transmission vis-à-vis d’une nouvelle équipe locale avec une nouvelle feuille de route politique » a rappelé Jérôme Thomas, directeur général adjoint de l’UGAP. Les enjeux sont importants pour les directions générales qui doivent assurer la continuité du service dans cette période intermédiaire en limitant les impacts pour les administrés et les usagers des collectivités dont les attentes restent toujours aussi fortes dans le contexte politique actuel très fragmenté. « En résumé, il n’y a pas de bonne alternance sans une équipe administrative solide et pas de projet politique robuste pour l’avenir sans une ingénierie publique de confiance. Ce sont les DGS qui la représentent dans les territoires » a poursuivi Jérôme Thomas.
Des DG plutôt confiants
Comment les DGS et DGA abordent-ils cette situation à quatre mois des élections municipales ? Il semblerait que toutes sortes d’émotions traversent leur esprit. « Nous occupons des postes fonctionnels dont le devenir est incertain. Plusieurs situations peuvent se présenter. Le DGS aimerait poursuivre sa mission mais l’élu ne le souhaite pas. Il arrive aussi que le DGS envisage de quitter la collectivité … » affirme l’un d’entre eux. Selon qu’ils ont vécu plusieurs changements de mandat au cours de leur carrière, ou qu’ils abordent cette période pour la première fois, les sentiments varient. Dans leur ensemble les DGS/DGA présents se sont déclarés « serins », « curieux », « impatients », « à la recherche de nouveaux challenges » même si certains d’entre eux ont fait part « d’anxiété » ou « d’inquiétude » face aux prochaines échéances. « C’est une période complexe avec une énorme surcharge de travail, nous occupons un poste stratégique et nous devons assurer la continuité du service public, répondre aux demandes multiples des élus mais malgré tout je me sens bien» avance une DGA qui avoue avoir la chance de travailler avec un collectif de direction générale qui lui fait confiance. « C’est d’autant plus agréable quand on a la confiance du maire et la confiance des cadres » a-t-elle affirmé. « C’est une période de questionnement sur sa propre vie professionnelle, une période où souvent nous avons la tête sous l’eau mais je prends du recul et j’observe » a témoigné une DG. Et un autre d’ajouter « je suis une sorte de référence rassurante pour l’ensemble des équipes, j’essaie d’incarner cette normalité, l’action doit se poursuivre, il faut continuer de poser les bons jalons, il faut parvenir à se projeter dans l’après et laisser sa porte ouverte pour les collègues qui ont besoin d’être rassurés. »
Comment se préparer ?
« Nous croyons beaucoup au rôle clé des directions générales. Ces fonctions ressources apportent la sérénité et la confiance aux agents » affirme Gaspard Goigoux d’Eurogroupconsulting. Lors d’un atelier organisé au cours de la matinée, les DGS-DGA ont pu partager leur vision de la mission qu’ils incarnent, un rôle central et fédérateur, indispensable pour consolider l’organisation et faire en sorte que chacun reste mobilisé dans cette période de fortes sollicitations, tout en préparant l’avenir. « Pour moi, la première cible c’est l’accompagnement des élus avec une première dimension réglementaire pour aborder la fin de mandat puis le début du mandat suivant » a estimé un DGS du nord parisien.« Avant la fin du mandat, il est important de redonner de la fierté aux agents et aux cadres en leur rappelant que dans cette période d’incertitude, ils ont accompli de belles choses qu’il faut valoriser » explique un autre DGA. N’oublions pas que le mandat a commencé en plein covid ». Un groupe de travail a jugé « nécessaire la réalisation d’un travail spécifique en direction des agents pour permettre l’information, la construction éventuelle d’un projet d’administration et potentiellement d’une charte de gouvernance. » Une DGS a évoqué la réalisation dans sa collectivité d’une fresque des projets qui a permis de visualiser de façon utile et enthousiasmante le déroulement du mandat:« chaque service exprime ce qui les a marqués dans ce mandat, nous inscrivons également ce qui a été envisagé, ce qui a été fait, ce qui a été abandonné, quels sont les besoins non couverts. Cette réflexion nourrit le projet de mandat. » Nombre d’entre eux se sont accordés pour dire que le bilan de fin de mandat, « idéalement réalisé main dans la main avec l’administration et les élus » permet la valorisation du travail des équipes, la prospection ainsi que la projection sur le mandat suivant. » La prospective à moyen long terme étant un moyen de faire travailler ensemble toutes les équipes sur le devenir de la collectivité.
Bien démarrer le nouveau mandat revêt des enjeux tout aussi importants. « Les nouveaux élus souvent arrivent du privé, ils ne comprennent pas le secteur public, pensent qu’ils vont tout changer et améliorer » a avancé une DGA. « Il est bon de prévoir un projet d’administration avec une charte de gouvernance afin que chacun connaisse le périmètre de ce qu’il a à faire » conseille un autre et pense « après les élections organiser une rencontre avec les cadres et les élus pour expliquer le fonctionnement de la collectivité, les services, les règles, les cadrages juridiques et organisationels,… »
Les priorités affichées pour les 100 premiers jours du mandat ont été évoquées à plusieurs reprises, « un programme à la dimension prospective auquel peut être associée la production de notes d’action stratégiques avec des éléments permettant des arbitrages. » Selon un participant, « il paraît indispensable aussi de produire des éléments permettant d’objectiver les besoins de la population. » Et ne pas négliger de rappeler aux agents l’existence d’un devoir de réserve en les invitant à modérer leur expression. Encore une fois, DGS et DGA ont prouvé qu’ils sont de véritables chefs d’orchestre de l’administration et garants de la stabilité au sein des services.