Comment porter une politique de transition écologique au sein d’une collectivité ?
Réunis dans les locaux du Sipperec* à Paris, à l’initiative de la section Grand Paris du SNDGCT**, aux côtés de Veolia et de l’Agence France locale, deux entreprises qui ont-elles aussi mené en interne des actions autour de la transition environnementale, les DGS ont débattu de l’adaptation au changement climatique au sein de leurs collectivités et plus précisément de l’ajustement nécessaire de leurs politiques managériales. Le mot d’ordre : la mobilisation collective. »
A Gennevilliers, la stratégie de décarbonation a permis à la ville de passer un cap important dans la mise en œuvre de la transition écologique. L’implication de l’ensemble des acteurs, les actions sur les freins de postures dans la conduite du changement et l’exemplarité sont trois éléments qui ont largement contribué à la réussite de ce projet. « C’est un véritable défi pour nous, directions générales, d’acculturer les élus, les agents et les habitants, concède Soraya Fontaine-Kassar, DGS de Gennevilliers. Dans la transition écologique, on arrive à ses objectifs dès lors qu’on parvient à embarquer tous ces acteurs. Dans la réalité, c’est un peu plus compliqué. » Depuis 2020, au travers de formations et de conférences, de temps quotidiens réguliers, forums ou séminaires, tous les espaces de la collectivité ont été investis petit à petit par le sujet transition écologique. Au sein de la municipalité, la stratégie bas carbone s’est traduite par un programme municipal, par un pôle politique transition écologique piloté par des élus et des agents de l’administration. « Une bonne coopération élus-administration est importante sur le sujet » exprime la Directrice générale. Quant au portage du projet dans la durée, il doit reposer sur une gouvernance identifiée et légitime. » A Gennevilliers, le projet est organisé et piloté à différents niveaux, « une garantie d’avancer et de continuité. » Et pour faire en sorte que cette démarche soit à la fois stratégique et opérationnelle, ce sont des membres de la direction générale qui pilotent chacun des sept axes du projet de décarbonation. « En tant que DGS je suis pilote d’un axe, ce qui me permet de m’impliquer encore plus. J’ai un échange direct et très précis avec mes collègues du terrain. Dans le même temps nous envoyons le message que la direction générale s’implique. Nous avons également des temps de bilan avec le politique » explique Soraya Fontaine-Kassar. Aujourd’hui, de nouvelles questions se posent : comment améliorer le lien entre transition écologique, éducation et social ?
Le budget vert à Montrouge, un outil managérial
A Montrouge (41.000 habitants), 5e ville la plus dense de France et très minéralisée, l’enjeu de la transformation écologique est majeur. Dans un tel contexte, l’ambition du maire, Etienne Langereau, est de transformer la ville afin de limiter le réchauffement climatique et promouvoir la biodiversité ainsi que les services rendus par la nature. « Chaque fois qu’on le peut, nous tenons compte de la biodiversité. Le maire de Montrouge est un maire bâtisseur assumé, il assume la densité. Sa mission n’est pas de faire la campagne à la ville parce que ce n’est tout simplement pas possible. L’objectif est de faire la ville différemment pour plus de bien-être en ville et plus de respect de l’environnement » avance David Kupececk, DGS de Montrouge.
C’est ainsi que le budget vert s’est imposé comme un outil majeur de transformation écologique. «Le budget vert constitue une nouvelle classification des dépenses budgétaires et fiscales selon leur impact sur l’environnement. L’idée est d’en faire un levier de valorisation et d’orientation des politiques publique. C’est un levier managérial mis en œuvre auprès de mes équipes pour actionner et pour animer. »
Comme à Gennevilliers, la ville a mis en place cette démarche en mode projet pour être certain d’embarquer tout le monde afin que toutes les démarches soient transversalisées dans la collectivité. Le pilotage a été assuré par l’élu à la transition écologique et à la biodiversité. Ce dernier s’appuie sur un groupe de travail composé du directeur financier, cheville ouvrière pour le traitement de la donnée. Ce groupe de travail associe également la directrice générale adjointe à l’aménagement urbain et à la transition écologique. C’est elle qui garantit l’homogénéité et la cohérence de la classification de manière transverse. L’ensemble des services concernés sont invités à participer au groupe de travail et à faire des propositions.
* Syndicat Intercommunal de la Périphérie de Paris pour les Energies et les Réseaux de Communication
**Syndicat national des directeurs généraux des collectivités