Voici le contenu de la section catégories pour mobile.

Sarah El Haïry : « j’invite tous les élus à se questionner sur l’impact de chacune de leurs décisions sur les enfants »...

Faire grandir l’économie sociale et solidaire dans les outre-mer...

Le conseiller territorial : une idée définitivement abandonnée ?...

Sébastien Lecornu annonce un projet de loi sur la décentralisation « avant les municipales »...

Réforme des retraites : Sébastien Lecornu annonce une suspension devant l’Assemblée nationale...

Gouvernement Lecornu 2 : un nouvel équilibre entre territoires et expérience...

1er Ministre Sébastien Lecornu II...

Sébastien Lecornu a présenté sa démission à Emmanuel Macron...

Naïma Moutchou, nouvelle ministre de l’Action publique...

Éric Wœrth, ministre de l’Aménagement du territoire, la Décentralisation et du Logement...

Nouveau gouvernement : les premiers ministres nommés...

Renonce à l’article 49.3 de la Constitution de Sebastien LECORNU...

67 400 monuments non protégés sont en état critique, alerte la Fondation du patrimoine...

Le maire de Bonifacio élu président de l’A.N.E.L...

Gel de la hausse du budget de fonctionnement de Matignon pour 2026...

La maire de Pontoise (95) formule deux propositions pour les législatives...

Suspension des nouvelles dépenses de communication de l’État jusqu’à fin 2025...

Sébastien Lecornu crée la Mission « État Efficace »...

Fin des avantages à vie pour les anciens Premiers ministres...

Annonces à Mâcon de Sébastien LECORNU...

Sarah El Haïry : « j’invite tous les élus à se questionner sur l’impact de chacune de leurs décisions sur les enfants »

Sarah img 6194

Pour la Haute-commissaire à l’Enfance nommée en mars 2025, « les maires sont les architectes du quotidien des enfants. » A quelques mois des élections municipales de mars 2026, elle souhaite que les édiles puissent ajuster leurs politiques publiques en leur faveur.

Quelles sont les missions du Haut-commissariat à l’enfance que vous présidez ?

Le Haut-commissariat à l’Enfance apporte son concours dans la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques conduites en matière d’enfance et qui, encore trop souvent, fonctionnent en silo. Notre vocation est de répondre aux besoins de l’enfant, à tous les âges en matière de santé, de soutien à la parentalité, d’adoption et d’accueil. Notre philosophie est : protection, prévention et accompagnement des enfants. Nos actions principales portent sur la protection des enfants contre toutes les formes de violences auxquelles les enfants sont exposés, qu’il s’agisse de violences sexuelles, de maltraitance ou même de cyberharcèlement. Nous travaillons à l’instauration d’une culture de la prévention afin d’éviter les situations de danger pour les enfants, par exemple en œuvrant pour l’amélioration du climat scolaire, en luttant contre l’obésité ou en apportant notre soutien à la parentalité numérique. Nos efforts portent aussi sur l’accompagnement des parents qui sont les premiers à pouvoir aider leurs enfants. Un enfant qui va bien est un enfant heureux. 

Quel regard vous portez sur la place de l’enfant dans l’espace public ?

L’enfant ne peut pas être accessoire dans l’espace public. Malheureusement, il est encore trop souvent considéré comme l’accompagnant d’un adulte, voire pire, il est parfois interdit d’accès dans certains espaces de manière plus ou moins assumée. Cette pression faite sur les parents et leurs enfants est de plus en plus forte dans un espace public pensé pour des citoyens toujours plus pressés et des mobilités de plus en plus tendues. Une conséquence néfaste de la métropolisation avec pour résultat des enfants toujours plus invisibilisés.Une étude de l’ADEME sur les mobilités nous rappelle que les enfants partaient seuls à l’école pour la première fois vers l’âge de 10 ans, il y a trente ans. Aujourd’hui, les parents considèrent les espaces publics comme potentiellement dangereux et ne leur accordent cette autonomie qu’à l’âge de 12 ans environ. Cette peur est symptomatique d’un espace public qui n’a pas été pensé pour les plus petits alors même qu’ils représentent une part importante de notre population. Il est temps de nous ressaisir de cet espace public pour qu’il témoigne d’une plus grande bienveillance à l’égard des enfants.

Comment redonner sa place à l’enfant ?

Les municipales 2026 sont une opportunité formidable pour réfléchir à la place de l’enfant dans la ville. C’est un moment où les équipes se questionnent, bâtissent des projets citoyens.  Les maires sont les architectes du quotidien des enfants ! Renforcer la participation citoyenne à travers la création de conseils municipaux jeunes est une manière de leur redonner une place et garantir la vitalité de nos communes. A ce jour, ils n’existent que dans 8% des villes françaises. La dynamique pour une participation des enfants est cependant à la hausse. En 2023, à Brest, les enfants ont été mobilisés sur l’élaboration du plan local d’urbanisme (PLU), un document pourtant très technique. Ils ont ainsi découvert comment les élus dessinent la ville et comment ils souhaitent la voir évoluer. Certaines villes adoptent le passeport civisme, un projet à destination des élèves de CE2, CM1 et CM2 pour les sensibiliser au civisme et à l’engagement citoyen à travers différentes actions menées par la municipalité. D’autres collectivités trouvent des solutions avec les enfants et les jeunes grâce au soutien de l’Anacej, dont l’action vise à promouvoir la participation des enfants et des jeunes à la décision publique et leur concertation au niveau local par les élus. J’invite tous les élus à se saisir de ces grands moments pour reconstruire et surtout pour questionner les enfants sur leurs besoins.

Plus concrètement, comment réaménager la ville en faveur des enfants ?

Dans une ville à hauteur d’enfant, les passages piétons, les abords de l’école, les pistes cyclables mais aussi les centres-villes sont sécurisés. Les villes peuvent s’appuyer sur des projets de Smart City pour rendre la ville plus douce et plus protectrice à l’égard des enfants. Des innovations existent un peu partout dans le monde comme ces feux tricolores capables de détecter la présence d’enfants et d’adapter la durée des cycles afin qu’ils aient le temps de traverser. Une ville adaptée aux enfants est plus inclusive. Ainsi, des trottoirs plus larges permettent aux familles avec poussette, mais aussi aux personnes âgées et celles en situation de handicap, de circuler dans de meilleures conditions. Il existe des exemples très concrets en termes d’aménagement urbain dont les équipes municipales peuvent s’inspirer. Je souhaite voir dans nos villes plus d’espaces adaptés aux enfants. Il revient aux maires de déterminer quelles sont leurs priorités. C’est une question de volonté.  Comme pour les grandes manifestations culturelles, il existe des bonnes initiatives telles que le Hellfest : cet événement métal dont les organisateurs ont fait un test l’an dernier, en proposant un mini-festival gratuit aux enfants des écoles des dix-sept communes de l’agglomération Clisson Sèvre-et-Maine. J’encourage tous les organisateurs d’événements à faire de même partout sur nos territoires. La famille doit être prise dans sa totalité pour le bien-être des enfants et de leurs parents. Aménager les villes à hauteur d’enfants c’est aussi rejoindre un réseau comme celui de l’Unicef où quelque130 villes françaises réfléchissent et travaillent ensemble pour remettre les enfants et les jeunes au cœur des projets de développement pour construire et aménager la ville. Ce n’est pas parce que les enfants n’ont pas le droit de vote qu’ils n’ont pas droit à leur place dans la ville. Car une ville à hauteur d’enfant est une ville à hauteur d’avenir. 

Concernant l’accueil des enfants, les communes jouissent d’une compétence nouvelle depuis le 1er janvier 2025 avec le Service public de la petite enfance (SPPE). Quelles sont les conditions de la mise en œuvre efficace de ce service ? 

Les prochaines élections municipales seront le premier scrutin qui permettra aux communes d’assumer pleinement leur rôle d’autorité régulatrice des organisations de la petite enfance avec le Service public de la petite enfance (SPPE). Concrètement, elles auront les clés pour redynamiser la qualité de l’accueil et les besoins des enfants. Investir dans le service public de la petite enfance et dans l’accueil des jeunes enfants, c’est investir dans l’avenir de sa commune, une opportunité pour redonner aux communes le moyen d’agir. Je le rappelle, des appuis en ingénierie pour les plus petites communes et des financements existent pour soutenir les maires. 

Je suis très attachée à la liberté des parents de pouvoir choisir le mode d’accueil pour leurs enfants. Or, aujourd’hui ils n’ont pas le choix. Il manque environ 300.000 places en structures d’accueil avec de fortes inégalités d’un territoire à l’autre. Cependant, il faut arrêter de se focaliser sur le nombre de places et proposer des modes d’accueil variés pour répondre à la diversité des besoins d’accueil des parents. Il est important que les élus étudient ces besoins sur leur territoire et accompagnent la création des projets. Chaque maire qui souhaite animer et dynamiser l’accueil et l’offre de la petite enfance sur sa commune peut le faire.

Au-delà de la création de structures d’accueil collectif, les maires peuvent aussi accompagner les assistantes maternelles. Ils doivent à cet effet prévoir, dans leurs projets immobiliers, des locaux pour accueillir des maisons d’assistantes maternelles (MAM). Ces lieux d’accueil individuel permettent aux assistantes maternelles de se regrouper ailleurs qu’à leur domicile, avec les enfants qu’elles accueillent. Car elles sont touchées par la crise du logement comme beaucoup de nos concitoyens et vivent dans des logements plus petits. Enfin, n’oublions pas que nous traversons une crise des vocations dans le secteur de la petite enfance. C’est pourquoi le Haut-commissariat à l’enfance travaille sur l’attractivité de ces métiers. 

Comment le Haut-commissariat accompagne-t-il les communes et intercommunalités dans la lutte contre les violences faites aux enfants et notamment les violences numériques ? 

Nous avons besoin des élus pour lutter contre les violences faites aux enfants afin de renforcer la détection et le signalement. Le Haut-commissariat peut accompagner la formation des équipes municipales sur le repérage des signes de violence. Quel que soit le métier au sein de la collectivité, chacun peut poser un regard protecteur sur l’enfant et alerter le 119 lorsqu’il perçoit un danger. Éveiller ce réflexe citoyen auprès des agents municipaux est primordial tout comme l’accompagnement des parents dont certains rencontrent des difficultés particulières qui nécessitent un soutien spécifique.

Concernant les violences numériques, il est vrai que l’Intelligence artificielle et les nouvelles technologies offrent de belles opportunités mais représentent aussi de vrais dangers pour nos enfants. La protection de l’enfance face au numérique est le plus grand des défis. Une grande majorité de parents, quelle que soit la classe sociale, sont perdus et demandent à être épaulés pour mieux protéger leurs enfants. Les élus peuvent les aider en organisant avec l’aide de l’Union nationale des associations familiales (UNAF) et des Caisses d’allocations familiales (CAF) des ateliers parents « parlons numérique ». En parallèle, l’État et l’école doivent tenir le même discours. Le numérique est un océan d’opportunités et de dangers. Nous avons besoin que les villes s’engagent au travers de campagnes de sensibilisation, en permettant aussi aux associations sportives et culturelles de prendre un temps de parole avec les enfants et les jeunes pour aborder des questions majeures comme les réseaux sociaux, la bulle algorithmique, la présence de prédateurs ou le cyberharcèlement. Et leur apprendre à parler à un adulte s’ils sont témoins de situations inquiétantes. Plus nous donnerons confiance à nos enfants, plus ils se confieront. 

En juin dernier le Haut-commissariat à l’enfance lançait le prix « le choix des familles », une démarche visant à valoriser les bonnes pratiques d’accueil familial partout en France

Le choix des familles est une contre-offensive du « no kids », ce phénomène récent d’origine anglo-saxone et asiatique qui prône des espaces sans enfant et exclut les familles. Invisibiliser nos enfants est plus que jamais une violence qui leur est infligée. J’ai pensé dans ce contexte qu’il était important de valoriser les bonnes pratiques des établissements où chaque enfant est accueilli et respecté. Le choix des familles est un prix que nous allons remettre en fin d’année à des établissements exemplaires en matière d’accueil et bienveillants à l’égard les familles. Plus globalement, l’aéroport de Paris-Orly est un bel exemple avec son parcours famille, pensé pour rendre les voyages plus fluides et agréables pour les parents et leurs enfants. Le concept de famille est au cœur de notre culture, de notre société, de notre art de vivre.

Quel message souhaitez-vous adresser aux élus ainsi qu’aux candidats aux élections municipales?

Je les encourage à bâtir une ville à hauteur d’enfants et à rejoindre le réseau Unicef des villes amies des enfants. Je les invite à se questionner sur l’impact de chacune de leurs décisions sur les enfants, quel que soit le sujet, et à créer des conseils municipaux jeunes. C’est essentiel à mes yeux, parce que c’est le début de la citoyenneté. Si demain les conseils municipaux jeunes se multiplient, nous verrons de nouveau des enfants assister aux cérémonies officielles, prendre part à la construction de la ville, prendre confiance dans leurs paroles, et c’est alors que nous pourrons bâtir avec eux. Mais pour cela, il faut que nos élus fassent le choix de se mettre à leur hauteur pour bâtir une ville pour eux et pas simplement avec eux : ce n’est pas aux enfants de s’adapter à la ville mais à la ville de s’adapter aux enfants.

Propos recueillis par Blandine KLAAS

Cet article vous a plu ? Partagez-le :

Équipements

Prévention des chutes dans l’escalier

Aide à la communication pour personnes sourdes et malentendantes

Tondeuse à conduite debout

AMENAGEMENT DURABLE : La solution des dalles gazon

Voir tous les équipements

Zoom Sur

Les fractures sociales et territoriales à l’ordre du jour de la 29 e édition du Salon des Maires d’lle-de-France

CONFERENCE FINANCIERE DES TERRITOIRES

PRIX TERRITORIA 2025

RNTP2025 : accélérez la mobilité décarbonée sur votre territoire !

Voir tous les équipements

Dernières parutions

Gil Averous : «  la situation économique de nos centres-villes s’est encore aggravée »

Faire grandir l’économie sociale et solidaire dans les outre-mer

Paris saclay 221025 ©world economic forum.jpg

Paris-Saclay rejoint l’Innovation Impact Alliance du Forum économique mondial

Le conseiller territorial : une idée définitivement abandonnée ?

PLF 2026 : le réseau des Missions Locales demande le maintien des financements de l’Etat

Signature contrat de sécurité intégrée[43]

Le département de l’Eure signe avec l’Etat un contrat de sécurité intégrée

Group
Group

Formulaire d’abonnement

Group
Magazine

Numéro Offert

Ayez un aperçu du contenu d’un de nos numéros