Claire Hédon, la défenseure des droits a présenté mardi 25 mars son rapport annuel 2024. Elle alerte en particulier sur l’ampleur et l’augmentation des discriminations en France, confirmées par de nombreuses études.
140 996 réclamations et demandes d’informations et orientations ont été reçues par l’institution en 2024, un chiffre en hausse par rapport à l’année précédente. Fait marquant, la Défenseure des droits observe avec inquiétude que les discriminations augmentent et paradoxalement les réclamations reçues cette année dans ce domaine sont en baisse, signe que les victimes renoncent à faire valoir leurs droits en raison de la complexité des démarches, de la peur des représailles, d’une méconnaissance de leurs droits, ou encore d’un sentiment de découragement.
Une augmentation préoccupante
L’institution constate notamment une augmentation des discriminations liées à l’origine qui représentent un quart des réclamations de l’institution en matière de discriminations. A cet égard, le rapport cite plusieurs études et sondages réalisés entre 2022 et 2024 mettant en évidence une augmentation préoccupante des discriminations et actes haineux en France et en Europe, touchant particulièrement les descendants d’immigrés non européens, les personnes musulmanes, noires et juives.Ainsi, selon l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA), dans une étude parue en octobre 2023, 47 % des personnes noires dans l’Union européenne disaient avoir été discriminées dans les cinq ans précédant le sondage, et la prévalence de ces discriminations sur les 12 derniers mois était passée de 24 % en 2016 à 34 % en 20222 . Selon cette même institution, dans une étude parue en octobre 2024, près d’une personne de confession musulmane sur deux (47 %) déclare avoir été victime de discrimination les cinq années précédant le sondage dans 13 pays de l’UE (39 % pour la France), alors qu’elles étaient 39 % en 2016. Dans une autre étude, 80 % des personnes interrogées estiment en outre que l’antisémitisme (discrimination, haine en ligne, harcèlement, etc.) s’est développé dans leur pays au cours des cinq années précédant l’enquête. « Les conséquences de ces discriminations sont concrètes et graves sur le quotidien des victimes » pointe le rapport.
Face à ces constats, la Défenseure des droits regrette un essoufflement des politiques publiques en matière de lutte contre les discriminations depuis une vingtaine d’années, ces dernières se résumant à des actions ponctuelles et sectorielles (concernant certains domaines et critères). Elle appelle à un réel sursaut collectif pour corriger et prévenir les mécanismes de production des discriminations car « notre société ne peut se résoudre à accepter des inégalités qui se révèlent délétères pour la cohésion sociale. »