Depuis plus d’un an, la Ville de Narbonne et le Grand Narbonne (Aude), accompagnés par les services de l’État, se mobilisent pour élaborer un plan de sauvetage définitif visant à sauvegarder l’un des deux seuls ponts habités de France.
Une nouvelle page commence pour le pont des marchands, ce monument emblématique de la ville de Narbonne, partiellement fermé le 30 avril 2023 en raison de l’état de délabrement avancé de certains bâtiments privés qui reposent sur ce pont, présentant de ce fait un risque pour les occupants et pour les passants circulant sur cet édifice. Sur les 26 immeubles concernés, 19 ont ainsi fait l’objet d’arrêtés de péril au cours des dernières années pour contraindre les propriétaires à effectuer les travaux nécessaires. L’an dernier, 800.000 euros avaient été engagés par la ville de Narbonne dans une première phase de sauvegarde afin d’assurer sa réouverture à la circulation piétonne à la fin de l’année. Aujourd’hui, c’est un véritable plan de sauvetage qui s’apprête à être mis en place. Il consiste en une réappropriation du pont des Marchands par la puissance publique compte tenu de l’ampleur des dégradations constatées et des coûts exorbitants des travaux : la Ville de Narbonne et le Grand Narbonne vont prendre la main et coordonner la rénovation globale du bâti sur l’ensemble de la rue. Pour cela, des décisions fortes, mais nécessaires, seront prises, pouvant aller jusqu’à l’expropriation dans certains cas.
La puissance publique, propriétaire du bâti
L’urgence absolue concerne la partie centrale du pont où sept immeubles présentant des désordres structurels majeurs sont au cœur de la zone qui nécessite une action prioritaire. Si aucun accord amiable n’est trouvé, des procédures d’expropriation seront lancées. L’objectif du Grand Narbonne : obtenir la maîtrise foncière en septembre 2025, préalablement au lancement des travaux définitifs. Les habitants et les commerçants de ce secteur, relogés temporairement suite à la fermeture de cette partie de la rue, seront accompagnés pour trouver des solutions de long terme de relogement et de transfert d’activités.
Quant au reste de la rue si ces immeubles ne présentent pas de dangers aussi importants que ceux situés dans la partie centrale, tous nécessitent des travaux plus ou moins lourds devant être coordonnés de la même manière par la puissance Publique et seront accompagnés, tant techniquement que financièrement.
Un projet hors norme
Seuls deux ponts habités subsistent en France, le Pont de Rohan à Landerneau (Finistère), classé au titre des monuments historiques, et le Pont des Marchands à Narbonne. Axe de chalandise majeur du cœur de ville et exception patrimoniale, ce dernier va bénéficier d’une mobilisation inédite de la Ville de Narbonne et du Grand Narbonne, de l’État et de nombreux partenaires. Le chantier sera facilité par les dispositions de la nouvelle loi contre l’habitat dégradé d’avril 2023, qui va permettre de lever de nombreux freins juridiques et financiers à l’intervention publique. Techniquement, l’aspect exceptionnel du projet est incontestable : les différentes étapes de construction du pont doublement millénaire, des bâtiments, les travaux successifs, le nombre de propriétaires concernés et la destination hétérogène du bâti, comprenant des logements et des commerces, donnent une complexité inédite à la conduite de ce projet. S’il est aujourd’hui impossible de chiffrer précisément le montant des travaux, ils s’élèveront sans aucun doute à plusieurs dizaines de millions d’euros. Pour Bertrand Malquier, maire et président du Grand Narbonne, « le pont des Marchands est un joyau emblématique de notre ville, il appartient à tous les Narbonnais. Face à la gravité de la situation actuelle, nous ne pouvons laisser l’initiative aux seuls propriétaires des immeubles de la rue. La Ville de Narbonne et le Grand Narbonne, accompagnés par l’État, vont donc prendre la main et piloter un plan de sauvetage inédit. C’est une opération de reconquête qui commence. »